Mon Grand Père....

Voici... mon grand-père, l'enfant de mémé Volage et d'un père inconnu, l'enfant qu'elle a du abandonné, pour des raisons que je ne connaîtrais jamais, je ne peux que les supposer, les imaginer....

Je me souviens, en 1992, lorsque j'ai débuté mes recherches, d'avoir été lui en parler. Je lui avais demandé l'autorisation de faire ces recherches...il me l'avait bien évidemment, accordé, toutefois, sa crainte d'alors, était que je la retrouve vivante... et dans une situation financière déplorable, il ne voulait en aucun cas se retrouver obliger de subvenir à ses besoins. Ses propos n'étaient en aucun cas haineux, je crois plutôt, que pour lui, c'était dans l'ordre des choses...il a fallu qu'il se débrouille par lui-même, tout au long de sa vie. Il estimait, trés certainement, qu'étant donné qu'elle ne s'était pas occupé de lui, il était logique qu'il en fasse de même le cas écheant.

Il m'avait dit:" je ne veux rien savoir d'elle". Je réalise aujourd'hui que nous n'avons jamais abordé ce sujet avec lui et je ne sais même pas, d'ailleurs, s'il l'a eu abordé avec quiconque dans la famille.

Je tiens à préciser, que mon grand-père, lorsqu'il avait été confié, à sa première famille d'accueil, n'était pas donné pour survivre trés longtemps.C'était un enfant malingre, chétif....Le directeur de l'assistance publique le donnait pour mourant.Celui-ci avait d'ailleurs dit à la famille: "prenez le vous, l'enterrerez chez vous"

Aprés son décés, mon père et ma tante ont demandé son dossier d'enfant de l'assistance. Dans ce dossier figurait, une lettre de sa mère que je retranscris ci dessous:

"Monsieur l'inspecteur

Je vous envois ces quelques mots pour vous dire que je suis dans une mauvaise situation, n'ayant pas de refuge, étant refuser pour pouvoir retirée mon enfant, je suis obligée de vous dire que je ne puis pas le garder, je viens vous prier de me le prendre.

Je vous en remercie d'avance.

Recevez mes sincères salutations

Fernande Pellieux"

Sur la proposition d'admission, l'inspecteur considère que "la mère de cet enfant est dans l'impossibilité d'élever son enfant,même avec le secours temporaire qui lui a été offert et qu'elle a refusé".

Pour ma part je n'ose imaginer de quel ordre financier était ce secours temporaire....

Mon grand-père est donc admis pupille de l'assistance du departement, catégorie "abandonnés" le 25 juillet 1919, 11 jours aprés sa naissance.

J'ai été trés étonnée de constater que son dossier comportait des sortes de carnets de surveillance. Je découvre, alors, que l'on peut suivre son parcours....les noms des familles chez lesquelles il vit, son état de santé, comment il y est traité, ce qu'il y effectue comme taches, les familles a qui on l'enlève pour mauvais traitement.

Sa dernière famille d'accueil l'a consideré comme faisant parti de la famille. Mon père me racontait, encore recemment, à quel point le patriarche était fier de mon grand-père, il disait de lui qu'il était intelligent, qu'avec lui, il ne fallait pas repeter les choses plusieurs fois, il les comprennait de suite...il a d'ailleurs fini sa scolarité, à 11ans, en étant reçu premier du canton, à l'examen de fin d'études...un de ses "frères" avait même ressenti un peu de jalousie vis à vis de lui...

J'ai eu complète confirmation de ce fait, lorsque j'ai telephoné à Juliette (voir autre message).

Juliette n'est autre que la veuve d'un fils de la famille d'accueil de mon grand-père, et lorsque je me suis présentée comme étant la petite fille de Fernand, elle m'a aussitôt dit: " mon beau-frère?!? Fernand....le frère de mon mari...

A partir de ses 11 ans, il n'est plus en famille d'accueil, mais est "mis en placement" chez des patrons pour lesquels il travaille...il sortira de l'assistance grâce à son mariage avec ma grand mère, à l'âge de 18 ans.

Voilà, mon papi n'est plus, et il ne sera donc jamais inquiété par mes recherches, mais moi, à chaque fois, je ne peux m'empécher de penser à lui.